Le 25 avril 2021, un islamologue, Saïd Djabelkhir (1), a été condamné à trois ans d’emprisonnement ferme et 50.000 Dinars algériens d’amende. Il a contesté l’historicité de certaines traditions musulmanes telles qu’elles ont été enregistrées dans la vulgate islamique. Il tente de tenir compte de l’apport du soufisme (2).

Cette condamnation a suscité l’émoi de nombreuses associations et de deux rapporteurs spéciaux des Nations unies. Le Rapporteur spécial sur la liberté d’expression et le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction ont écrit à la Mission permanente d’Algérie auprès des Nations unies à Genève pour exprimer leur désapprobation d’une telle condamnation et demander des explications au Gouvernement algérien.

Dans sa réponse du 22 septembre 2021, la mission algérienne soutint totalement le bienfondé de la condamnation et, plus grave encore, elle s’appuya sur la Cour européenne des droits de l’homme (CEHD) pour justifier la répression de toute critique de l’islam en Algérie.

La Cour européenne des droits de l’homme a effectivement rendu un arrêt dramatique le 25 octobre 2018 dans l’affaire E.S. c. Autriche. La Cour a confirmé la condamnation d’une conférencière, qui avait eu des propos très critiques contre l’islam, en considérant que sa liberté d’expression devait être restreinte pour préserver les sentiments religieux des musulmans et la paix religieuse en Autriche.

Pour des faits équivalents, maintenant en Europe, tout musulman pourra aussi porter plainte en justice en se basant sur cet arrêt de la CEDH.

(1) Voir nos articles du 7 mais 2021 (le pouvoir algérien tenté par la régression) et du 14 mai 2021 (islam inquiétant ou inquiet)

(2) Voir le rappel qui en est fait dans ce dernier article sur Djabelkhir par Jeune Afrique

Le document PDF ci-dessous donne plus détails sur cette affaire, et montre comment la CEDH se plie à une demande (2011) de l’OCI (Organisation de la Coopération Islamique) d’inscrire dans le droit international une interdiction mondiale de tout examen critique de l’islam, examen présenté “comme prétexte pour diffamer les religions“.

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