Nous savons que Jésus ne nous a pas laissé de loi, à l’instar de Moïse, comprenant plusieurs commandements. Et cependant ce qu’il nous a laissé est bien plus difficile à vivre. Voici un sermon du père Michel qui résume cela.

1- Une seule loi.

Avons-nous déjà pris la mesure de cette parole : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » ! L’amour de Jésus pour chacun d’entre nous est le même que le Père a pour son Fils. Or l’amour du Père pour son fils Jésus in incommensurable, c’est Dieu lui-même, c’est l’Esprit Saint ! Et voilà que nous sommes aimés du même amour !  Mais le Christ va plus loin : il veut que cet amour sans mesure de Jésus pour chacun de nous devienne à son tour la norme de l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres. « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ! » L’amour que devons avoir pour notre prochain qui est si pénible parfois devrait-il être le même que l’amour du Père pour son fils Jésus ? OUI nous dit Jésus.

Trois amours donc : Amour du Père pour son Fils, amour du Fils pour les hommes, amour des hommes les uns envers les autres… et cet amour c’est le même ! « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous aimé…et comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres…. ». Il n’y a qu’un amour ! et il s’appelle Charité ou Agapè ! En fait c’est la circulation de la sève divine. Cet amour a trois caractéristiques : c’est un commandement, il conduit à la joie parfaite, il nous établit dans l’intimité de Jésus, ce qui a pour conséquence que notre prière sera toujours exaucée et que nous porterons du fruit

2- Mais un commandement !

Vous avez bien entendu : « ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. » L’amour, dans l’évangile, n’est pas un sentiment. Je répète car, à force de l’entendre, nous ne l’entendons plus. C’est un commandement. « Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. » Jésus nous commande ce qui en principe, dans le langage courant, « ne se commande pas ». Si nous pensons que l’amour est de l’ordre du ressenti, nous ne pouvons pas comprendre ce que Jésus nous dit, et nous resterons toujours incapable d’aimer…

Les sentiments, c’est important certes mais ce n’est pas l’amour. C’est une force, une énergie naturelle, un escabeau pour entrer dans l’amour. Mais ce qui est important c’est la volonté. Pour aimer, il ne suffit pas d’avoir du sentiment, il faut le vouloir, et le choisir intelligemment. Dans le monde où nous vivons, plongé dans l’émotion, cette aspect est particulièrement important. Pour le chrétien dire « je t’aime », c’est une décision. Ainsi : on peut aimer son ennemi.

Cet amour divin brise le cercle fermé de l’amour seulement humain qui ne prend pas sa source en Dieu. Il brise l’idée d’un amour seulement humaniste… Comment le Christ nous a aimés ? en donnant sa vie pour nous sauver du péché, aimer nos frères, c’est donner notre vie pour les conduire au Père. L’amour de Charité est obligatoirement missionnaire. En entendant le commandement de l’amour fraternel, peut-être pensons-nous finalement que pour être aimé, il faut aimer. Peut-être pensons-nous que pour recevoir l’amour du Père et de Jésus, il nous faut d’abord aimer nos frères. Et bien non ! Jésus nous dit bien « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». Son amour est premier.

3- Qui a deux conséquences:

Intimité de Jésus : Le vrai paradoxe chrétien, c’est que pour aimer il faut d’abord être aimé. Saint Jean a compris que seul celui qui est aimé est capable d’aimer à son tour « Nous aimons dit-il, parce que Lui, il nous a aimés le premier ». « Le premier » cela veut dire continuellement ! à tout instant Jésus nous aime comme il est aimé de son Père. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, dit encore st Jean. » Alors c’est tout simple, il s’agit de se laisser aimer par le Christ, d’être en relation avec lui. Notre amour du prochain ne peut exister que découlant de notre relation avec le Christ.  Voilà pourquoi Jésus dit « demeurer dans mon amour ! » Oui l’amour du prochain ne peut exister sans Lui. Un pauvre, un pécheur saura qu’il y a un Dieu qui le cherche et lui pardonne, si il y a un frère qui le cherche, qui s’intéresse à lui au nom du Christ. C’est toute la différence entre la charité et la solidarité, entre la tolérance qui laisse le prochain dans son mal pourvu qu’il ne me dérange pas et la miséricorde qui aime le pécheur et veut donc qu’il sorte de son mal

Joie parfaite : Alors notre vie sera transformée ! Elle deviendra amour ! Nous serons dans la joie parfaite !  Nos moindres regards, nos plus petites pensées, nos actes les plus insignifiants, toutes nos paroles seront le jaillissement du feu divin. Car rien n’est anodin, tout peut devenir acte d’amour divin, tout peut avoir poids et valeur d’éternité. Et c’est alors qu’accomplissant pleinement notre vocation d’enfants de Dieu et d’amis de Notre Seigneur, notre joie sera à son comble, nous porterons du fruit et nous serons les missionnaires de la charité. Et tout ce que nous demanderons au Père au nom de Jésus, il nous l’accordera ! Heureux sommes-nous de connaitre cet amour divin.

Sermon du père Michel M. pour le 6ème dimanche de Pâques 2021.