« Il passe, ce monde tel que nous le voyons » est une phrase tirée de l’épitre de st Paul apôtre aux Corinthiens (7, 29-31), la 2ème lecture de la liturgie dominicale (ordinaire) du 24/01/21. Voici l’extrait dans sa totalité :

Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui ont de la joie, comme s’ils n’en avaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons.

C’est sûr que pour la majorité de nous autres chrétiens, il est stressant d’entendre l’apôtre des gentils dire cela. C’est la fin du monde ou, selon l’expression célèbre, “la fin des haricots” ! D’entrée st Paul nous avertit : “Frères, je dois vous le dire : le temps est limité.” Les païens diraient, selon toujours st Paul, qu’en conséquence “Mangeons et buvons, car demain nous mourrons“, car eux n’ont pas l’espérance de la résurrection, et il se met à leur place : “Si les morts ne ressuscitent pas.” Or nous savons ou, plutôt, nous croyons que la mort n’est pas la fin, mais le commencement d’une autre vie, de la vraie vie. Oui mais voilà notre foi est aveugle, elle n’a pas les repères de cette vie qui comprend de si nombreux bonheurs, joies et rencontres, découvertes et sensations, malgré les malheurs et les tracas qui leur succèdent. Ne dit-on pas qu’après la pluie il y a le beau temps, après la nuit, il y a le jour rayonnant ?

Et cependant que dirait saint Paul de notre époque si consumériste, si matérialiste, remplie de biens et de prodiges surprenants pour les hommes du premier siècle ? Oui mais que pensera-t-il des vices et des corruptions de notre temps ? Des enfants qu’on empêche de naître, qu’on assassine ? Des chrétiens persécutés presque partout ? Des hommes et des femmes qui n’ont pas le droit de devenir chrétiens ? Du mensonge généralisé dans la société, dans les médias et en politique, de l’absence de Dieu ? Bien sûr tant que le malheur ne nous touche pas, “j’y pense et puis j’oublie” comme dit la chanson. Que certains jouissent des biens de ce monde et que la majorité de l’humanité en soit privée, n’empêche pas de vivre et de s’amuser.

Sauf que Dieu ne voit pas les choses ainsi, car s’Il est le Père de tous les hommes, il ne peut accepter que quelques uns en profitent tandis que d’autres souffrent et se serrent la ceinture. Pensons à la parabole sur le pauvre Lazare (st Luc 16:25) : “Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres.” Et ailleurs (st Luc encore, en 12:20) Jésus dit à tout homme : “Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ? .” En vérité nous avons là deux exemples des choses qui mettent à rude épreuve notre foi en Jésus Christ : la richesse que nous possédons, aussi bien matérielle qu’intellectuelle, et le temps qui nous fait croire que la fin de notre vie ne viendra jamais. Or st Paul nous avertit que rien dans notre vie passée et présente, en bonheur et en joie ne peut se mesurer à la vie avec Dieu qui nous est promise, quand bien même nous devrions souffrir dans son attente :

J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous.”.

Seigneur prend pitié de notre misère et viens au secours de notre manque de foi, afin que nous Te préférions toujours à notre propre vie !