1Plutôt que de la définir, je préfère considérer l’amitié sous l’angle auquel nous invite Jésus lui-même à le faire : quels fruits est-elle supposée produire ?

D’ailleurs il en est ainsi de tous nos sentiments : se poser cette question de l’utilité – à quoi nous servent-ils ?- est bien plus éclairant sur nos dispositions intérieures.

Il y a en effet trois sortes de réponses :

1- C’est bénéfique pour moi.

2- C’est utile pour l’autre.

3- C’est nécessairement utile et bénéfique puisque le Seigneur nous le demande.

Et, bien sûr, les deux premières réponses se combinent, souvent, entre elles : « je t’aime parce que tu m’aimes » ; ou, ce qui est équivalent : « tu m’aimes donc je vais t’aimer ! »

Pourquoi ces deux cas se valent-ils ? Parce qu’ils ne se distinguent que par l’ordre qu’on leur donne : Roméo aime en premier Juliette, ou bien celle-ci devance Roméo dans cette inclinaison sentimentale.

Dans la 3ème réponse c’est Dieu qui a l’initiative : « aimez-vous les uns les autres…Aimez vos ennemis… »

C’est bien gentil, se dit-on, mais où est mon intérêt là-dedans ?

Oui, car je n’ai aucune certitude que j’en tirerai un quelconque profit !

Et c’est là qu’intervient la foi, la confiance, en Celui qui me demande d’avoir un sentiment d’amitié, sans aucune contrepartie.

Sans aucune contrepartie ? C’est méconnaître Dieu : il donne toujours au centuple.

Toutefois, bien évidemment, la foi est nécessaire dans ce cas de figure.

Je peux même ajouter que seule la foi en Jésus-Christ nous amène à une telle abnégation.

Par conséquent nous pouvons conclure ceci : toute amitié fondée sur Dieu, comme tout sentiment, peut et doit produire du fruit, mais nous ne le voyons pas forcément. Car ce n’est pas nous qui « récoltons » ces fruits, c’est le Père éternel.

Remarquons qu’il s’agit bien évidemment des fruits spirituels d’abord, sans lesquels les biens matériels ne peuvent pas suivre ou, ce qui est pire, seraient tout à fait vains.

En raison de quoi nous ne les voyons pas : ils ne sont pas toujours palpables ni visibles.

Revenons donc à cette perspective que nous ouvre le Seigneur…pour aller à l’essentiel.

Où est l’essentiel ?

Il est résumé dans cette phrase de Jésus : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Jn 15,13.

Dans le même chapitre, notre Seigneur, après avoir déclaré que nous sommes « ses amis » si nous faisons ce qu’il nous commande, affirme qu’il nous « a choisis et établis » pour que nous allions et portions du fruit, et que notre fruit demeure.

Voilà l’essentiel : l’amitié doit porter du fruit, et ce fruit Dieu veut qu’il demeure.

Mais quel est ce fruit et pourquoi « demeurerait-il » ?

Dans le même chapitre 15 de l’évangile de Jean (15, 5-6), le Christ dit encore : « celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche ; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent. »

Nous tenons donc que, c’est vraiment en Jésus Christ que nous pouvons porter du fruit, en étant ses amis. Et ce fruit demeure en Lui afin qu’il ne « brûle » pas, mais qu’il soit éternel. Il demeure en Lui, pas en nous !

Il nous reste à voir quel fruit Jésus veut que nous produisions ?

Au verset 8, du même chapitre 15 de Jean, le Seigneur dit des paroles qui nous éclairent pour de bon : « C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez mes disciples. »

Tout est dit : être de ses amis et porter du fruit, en gardant ses commandements, est la voie qui nous permet de nous aimer, et d’être les amis des uns des autres. Toute autre amitié, qui ne passe par Lui, est vaine : elle ne demeurera pas, car elle ne recherche pas ce bien suprême, pour soi et pour l’ami, qu’est le Père des cieux que nous pouvons posséder en Jésus Christ, et seulement en Lui et à travers Lui.

Le but ultime de toute vie est d’aller à Dieu. Sans quoi elle est insensée et inutile :

« À quoi servirait à l’homme de gagner le monde entier s’il devait y perdre sa vie ? »

Bien sûr, il arrive de dire d’un tel, ou d’une telle, qu’ils sont des amis : les collègues de travail, des rencontres de vacances ou… d’Internet, pourquoi pas ?

Il ne s’agit pas de renier ces amitiés-là. Mais elles sont humaines, passagères.

Il ne s’agit pas de les rejeter, ou qu’il ne faille pas les souhaiter ! Il faut seulement ambitionner, en plus, qu’elles soient fondées sur la vérité du Christ, afin qu’elles demeurent pour l’éternité.

Les amis que je considère vraiment des amis sont ceux qui ont adopté Jésus Christ comme ami, ou cherchent à le connaître afin d’être de ses amis.

Bref mon ami est d’abord l’ami de Jésus Christ. C’est Lui notre lien, notre espérance, notre but et notre joie.

En Lui nous trouvons notre bonheur. Et… nous cherchons à Lui plaire.

Autrement dit à faire Sa volonté.

Tout le reste, en comparaison de cette Volonté, en comparaison de la vie éternelle qui nous attend pour « le connaître Lui le seul vrai Dieu et Celui qu’Il a envoyé, Jésus Christ », n’est que perte de temps ou empêchement mis sur notre route par son ennemi et le nôtre : le Malin.

Car Sa volonté est que tous les hommes soient sauvés, pour être ses amis.

Jeddi Muh

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