– 1 Introduction à l’article de Reconquête: les dérives du dialogue islamo-chrétien

Notre-Dame de Kabylie reproduit ici un extrait de l’article “Le miel et le cyanure” de Bernard Antony, publié dans le n° 276 (mars 2011) du mensuel Reconquête. Cet article comporte deux paragraphes: “L’islamophilie au monastère d’En Calcat”, et “Maçonnophilie à l’Institut Catholique de Toulouse”. En relation avec la matière de ce second paragraphe (non reproduit ici) l’auteur avait écrit un ouvrage publié en 2008 “La vérité sur la Franc-Maçonnerie. De la subversion des loges à la République des initiés” (Ed. Godefroy de Bouillon).

Le premier paragraphe traite de ce qu’on peut lire dans le n° 189 de la revue “Présence d’En-Calcat”du monastère. C’est stupéfiant, et dans la ligne de cette nouvelle religion issue du dialogue islamo-chrétien actuel. L’ “affectivisme”, qui se dégage de ce numéro, montre une volonté évidente d’occulter la vérité sur l’islam. Ainsi un soufi, Adil Qostali, le présente comme “religion de cohabitation avec toutes les religions et toutes les ethnies, comme elle l’a prouvé maintes fois depuis la venue du prophète”. Un sommet est atteint avec cette proclamation du frère Grégory: “Musulmans et chrétiens sont appelés à être ces hommes de toute race, langue, peuple et nation qui se rassemblent afin d’être les pierres vivantes de la cité sainte, la Jérusalem céleste”.

Il faut associer ce que dit “Présence d’En-Calcat” aux affirmations des théologiens thuriféraires du dialogue actuel, prisonniers d’un jeu relationnel miné. Elles ont été déjà mentionnées dans deux articles de Notre-Dame de Kabylie.

Le texte “Bismillah -Au nom de Dieu” du frère Grégory va dans le même sens. Pour bien situer le cadre de ce qui apparaît comme une nouvelle religion issue du dialogue islamo-chrétien actuel, il est bon de reprendre, dans un premier temps, les assertions citées dans les deux articles de Notre-Dame de Kabylie. Le lecteur verra ainsi qu’il ne s’agit pas de situations isolées:

– Père Blanc Etienne Renaud qui reconnaît dans le Coran “la trace d’une expérience spirituelle très profonde faite par Mohammed” (cf. ci-dessus).

– Père Gilles Couvreur, responsable du Secrétariat pour les Relations avec l’Islam (SRI, dépendant de l’épiscopat de France) jusqu’en 1997: “Il faudra reconnaître la parité des Révélations, la parole divine étant essentiellement une, elle revêt des formes différentes dans le Christianisme avec Jésus-Christ, Verbe divin, et dans l’Islam avec le Coran, Parole divine. … L’Islam est une Révélation originale, qui continue la Révélation primordiale de Dieu à l’humanité, sous une forme parfaitement adaptée aux conditions cycliques présentes” (pages 25-26 du document de l’enseignement de missiologie, à la Faculté de théologie de l’Université Catholique de Lyon, “Mission et dialogue interreligieux”, écrit en collaboration avec Jean-Marie Aubert).

– Père Jacques Dupuis, jésuite belge, professeur à l’Université Grégorienne du Vatican, qui célèbre “l’autorévélation divine du prophète Mohammed”, dans son livre, paru en 1997 aux Éditions du Cerf, sous le titre significatif: “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux”. Concernant ce livre, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a rédigé une “Notification” destinée à “sauvegarder la doctrine de la foi catholique d’erreurs, d’ambiguïtés ou d’interprétations dangereuses”, approuvée par Jean-Paul II le 19 janvier 2000.

– Christian Salenson dans son livre “Christian de Chergé. Une théologie de l’espérance” (Ed. Bayard, 2009), sur le prieur du monastère de Tibhirine. Page 99 on peut lire: “Dès lors que l’islam est considéré comme venant de Dieu, rien ne s’oppose à ce qu’un chrétien le mêle à son expérience spirituelle.C’est ainsi que le père de Chergé faisait sa lectio divina dans la Bible et dans le Coran, pratiquant entre les deux livres l’intertextualité. …. Il les commente l’un par l’autre! Il n’oppose pas les textes, faisant valoir l’un par opposition à l’autre. … Il les fait jouer l’un sur l’autre, si bien que l’un sert à la compréhension de l’autre et réciproquement”. La page 126 rapporte cette affirmation de Christian de Chergé: “Je suis sûr que le Christ du Coran a quelque chose à voir avec celui de notre foi”. Page 127 on lit que le Fils est “le seul vrai musulman”, car il n’a été que oui à la volonté du Père. Plus de détails sont donnés dans le livre même, et dans l’excellente recension faite par Annie Laurent dans le n° 110 (décembre 2009) de la revue “Sedes Sapientiae”.

Il est difficile d’expliquer de telles dérives. Sont-elles uniquement “affectives”? Toujours est-il que, cette année, elles ont conduit un prêtre à proposer à ses paroissiens d’aider à la construction d’une mosquée, comme offrande de carême

Ceci alors que les réfugiés fuyant les persécutions de pays musulmans ont besoin d’un soutien urgent, de la compassion et des prières de tous les chrétiens. Le nouveau Testament nous le demande: “Pierre était gardé en prison tandis que l’Église priait Dieu pour lui ardemment” (Actes 12; 5), et “Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez dans les liens avec eux, de ceux qui sont maltraités, vous aussi qui avez un corps.” (Hébreux 13:3). Aujourd’hui non seulement Pierre est en prison, mais des membres de sa famille sont torturés, massacrés, les jeunes filles enlevées, violées. Dans les contrées des premières Églises du Christianisme, les chrétiens victimes d’un nettoyage religieux sont contraints à l’exil. Dans l’indifférence la plus totale le christianisme disparait progressivement de ces régions.

Ces dérives ont aussi conduit à une véritable liturgie islamo-chrétienne, avec un Manuel de Prières pour les rencontres islamo-chrétiennes, des pèlerinages communs. Plus de détails sont donnés dans les articles:

– 2 L’extrait “L’islamophilie au monastère d’En Calcat”de l’article “Le miel et le cyanure”
“Bismillah -Au nom de Dieu”: il s’agit d’un article publié dans la revue du monastère Présence d’En Calcat (n°189 – décembre 2010).

Je suis allé l’acheter à la librairie du monastère. Avant de le payer, je n’ai même pas été surpris de constater que le livre de Paul Pistre Catholiques et francs-maçons, éternels adversairesque je commente ci-dessous, était à la vente. Comment l’aurais-je été, puisqu’une fois précédente j’y avais trouvé, très bien exposée, une stupéfiante Histoire du christianisme(éditée aussi comme Pistre chez Privat) où la densité des erreurs historiques ne le disputait qu’à la méchanceté anticatholique? J’avais déclenché alors quelques réactions et le livre avait été vite retiré des librairies régionales. Je me souviens du moine vendeur qui ne l’avait pas lu et à qui je faisais remarquer par exemple l’énormité des lignes indigentes sur saint Athanase, traité de “chef de bande maniant le gourdin (sic !). Ce bon frère me répondit par un incroyable aveu (je n’osai supposer un mensonge) de ce qu’on était dans une librairie non dans une bibliothèque et qu’il vendait ce qu’on leur fournissait! Mais qui est donc ce fournisseur? En tout cas ce n’est pas à la librairie d’En Calcat que l’on trouvera des livres non favorables à la franc-maçonnerie tel celui de Mgr Rey: Peut-on être catholique et franc-maçon? De même on y cherchera en vain les grands livres d’étude critique de l’islam comme ceux d’Anne-Marie Delcambre, des Urvoy, de Lagartempe, du père Antoine Moussali, du pasteur Mark A. Gabriel ou du père Édouard-Marie Gallez. Pas un seul livre non plus sur les tragédies des chrétiens d’Orient, sur le génocide des Arméniens et autres chrétiens. On y cherchera en vain les livres de Jean-Pierre Valogne, de Bat’Ye-Or, de Joseph Fadelle : Le prix à payer.

– “L’ISLAM EST UNE RELIGION DE COHABITATION”

Le prix de dhimmitude et de jihad, de persécutions, de massacres et de génocides qu’ont payé les populations conquises par l’islam, ne semble pas être l’objet des études de nos moines. Ainsi, avant l’article “Bismillah”, on peut lire dans l’article “Se rencontrer pour connaître Dieu”, signé Adil Qostali, les lignes suivantes:

“Bien au contraire, l’Islam est une religion de cohabitation avec toutes les religions et toutes les ethnies, comme elle l’a prouvé maintes fois depuis la venue du prophète”.

Et encore:

“Dans cette société globale, nous devons admettre un principe sur lequel les maîtres soufis ont toujours insisté, à savoir qu’il y a autant de chemins vers Dieu qu’il y a d’individus, et que tous ces chemins différents mènent au même point.. la Vérité absolue qui est une et la même pour tous. Et toute autre approche partielle ou réductrice ne pourra qu’aggraver les conflits et les déséquilibres dans le monde d’aujourd’hui. Que Dieu fasse de nous des témoins de la fraternité universelle!”

Qu’entend donc ce soufiste-là par “approche partielle ou réductrice”? Celle du Coran celle de Mahomet? Celle de l’Évangile, celle de Jésus-Christ? Mais alors se pose la question de savoir quelle est exactement la religion que prônent les Bénédictins d’En Calcat ? La religion catholique, ou un syncrétisme qui, de facto, ne peut qu’exclure Celui qui a dit: “Je suis la voie, la vérité et la vie”?

– LE SALMIGONDIS DU FRERE GREGORY

Le long article “Bismillah “, du frère Grégory, est tout dans cette veine: “A chacune de nos rencontres, je vis de manière plus vraie et plus intérieure ce que j’expérimente déjà au quotidien avec ma communauté monastique d’En Calcat : une fraternité sans faux-semblant, dénuée d’hypocrisie, et respectueuse de nos différences. Dieu, notre Père, aime la diversité sinon Il ne nous aurait pas créés si différents les uns des autres. Une différence qui n’est pas synonyme de division ni d’adversité, mais qui est source d’enrichissement mutuel, de vérité entre nous, de tension vers une plus grande simplicité d’être, d’amour fraternel, de croissance spirituelle. Nous n’avons tous, musulmans et chrétiens, qu’un seul Père et nous somme tous frères. Nous sommes tous de la descendance d’Abraham car Dieu tient toujours ses promesses!”

Ce salmigondis est énorme, extravagant, déboussolé ! Dieu nous a créés à son image mais ayant donné à l’homme la liberté, celui-ci a pu, hélas, après le péché originel, vivre en effet dans une grande diversité de voies vers le bien ou le mal. Il a pu être adorateur de toutes sortes de Baal, il a pu être anthropophage, communiste, nazi et même musulman. Est-ce vraiment-là une diversité aimée par Dieu? Dieu, le Dieu-Trinité, le Dieu qui s’est fait homme, est-il aussi le Dieu du Coran avec ses sept cents occurrences de violences, le sort que l’on y fait aux juifs et aux chrétiens, et la place et le rôle des femmes? Ce Dieu a-t-il donc envoyé Mahomet l’égorgeur des neuf cents hommes des Banu Qorayza, la dernière tribu juive de Médine? Ce Mahomet qui fait crever les yeux, trancher les pieds et les mains des chrétiens de la tribu des Oklites qui n’avaient pas apprécié le médicament qu’il leur avait prescrit, mélange d’urine et de lait de chamelle? [*]

Mais le frère Grégory a-t-il seulement un peu parcouru les livres des hadiths que l’on enseigne à tous les musulmans dans toutes les mosquées, tenus pour presque aussi importants que le Coran ?

Et nous revoilà encore dans les énormités du « même Dieu » et du « même Abraham ». Qu’au moins les moines d’En Calcat ouvrent le remarquable Dictionnaire du Coran (sous la direction d’un grand universitaire musulman). Ce livre est au moins dans leur librairie! Un peu d’étude éviterait au frère Grégory de penser et d’écrire n’importe quoi et surtout à son père abbé de lui offrir les pages du bulletin officiel du monastère qui fut fondé par Dom Romain Banquet.

– “MUSULMANS ET CHRETIENS PIERRES VIVANTES DE LA CITE SAINTE”

On y lit encore ceci: “Musulmans et chrétiens sont appelés à être ces hommes de toute race, langue, peuple et nation qui se rassemblent afin d’être les pierres vivantes de la cité sainte, la Jérusalem céleste dès à présent et chaque jour que Dieu nous donne. Sans pour autant renier notre propre foi chrétienne, je suis convaincu que nous devons la laisser être interrogée, bousculée, dépouillée par la foi de nos frères et sœurs de l’Islam, car c’est ainsi que nous pourrons être enrichis par les rayons de vérité qui nous viennent de cette foi au Dieu Unique”.

Ces lignes, je pèse mes mots, sont odieuses. Je pense, en effet, en ce dimanche soir où je termine ce pénible travail, aux chrétiens qui souffrent partout dans les pays sous domination musulmane, je pense aux convertis qui ont quitté l’idéologie de Mahomet pour la foi au Christ menacés de mort, à ceux que l’on a suppliciés, pendus pour cela il y a encore peu de temps au Pakistan, en Iran, en Afghanistan. Nous pensons à Asia Bibi (violée au Pakistan), emprisonnée, coupée de ses cinq enfants et de son mari, tous menacés, condamnée à mort par pendaison et dont on ne sait plus rien. Oui elle, elle est en effet “interrogée, bousculée, dépouillée, par la foi de ses frères et sœurs de l’islam”.

ET LES MARTYRS?

Je demande à tous mes amis de répercuter le plus possible ce qui précède auprès des évêques et des prêtres et des communautés religieuses et voici pourquoi.

Pendant des dizaines d’années, selon l’expression même, peu avant sa mort, du cardinal Decourtray, “de vastes pans de l’Église collaborèrent avec le communisme”. On en attend d’ailleurs toujours la repentance… Voilà maintenant que sous le prétexte du dialogue interreligieux dont le pape Benoît XVI a pourtant bien rappelé qu’outre les motifs de sociabilité, la finalité ultime ne peut être que la mission d’annonce de l’Évangile, c’est à une ouverture au soufisme que l’on nous convie aujourd’hui au monastère d’En Calcat et hélas ailleurs.

Le soufisme, on le sait, a suscité les confréries de derviches-tourneurs. Oui, on verra sans doute certains bénédictins apprendre l’art de la danse tournoyante. Déjà leurs têtes tournent. Cela favorisera bien sûr l’entrée de l’Union européenne dans le nouveau grand ensemble ottoman. Enfin, on pourra encore laisser notre foi recueillir les rayons de lumière de l’hindouisme, du bouddhisme, du zoroastrisme, des chamanismes et du vaudou. Puisque Dieu aime la diversité religieuse! On ne s’en aperçoit certes pas beaucoup dans l’Ancien Testament où Yahvé ne tolère guère les autres dieux et encore moins dans l’Évangile où le Christ ne dialogue guère avec les prêtres des religions grecques, phéniciennes et romaines et autres qui, pourtant, pullulaient dans la Palestine romaine.

Vraiment si les martyrs de l’Église catholique au long des siècles avaient su que Dieu aimait la diversité, ils se seraient épargné bien des tourments. Et si Asia Bibi avait la bonne idée de se convertir à l’islam, fût-il soufiste, nul doute que cela mettrait un terme à son supplice. Le Christ n’est-il pas finalement, pour les soufistes et amateurs de diversité, un empêcheur de tourner en rond?

[*]Note de Notre-Dame de Kabylie

Ce récit des huit hommes de la tribu des Oklites (‘Ukil en anglais) est en particulier donné par sept hadiths: Sahih Bukhari 4:52:261, Sahih Bukhari 1:4:234, Sahih Bukhari 5:59:505, Sahih Bukhari 7:71:623, Sahih Bukhari 8:82:794, Sahih Bukhari 8:82:796, Sahih Bukhari 8:82:797 qui ne les mentionnent pas comme chrétiens. Peut-être d’autres sources le font?

Un hadith est une communication orale de Mahomet, le prophète de l’islam, le “Beau Modèle” pour tous les bons musulmans. Parmi les recueils de hadiths six sont reconnus comme “authentiques” (sahih), la chaîne des témoins ayant été reconnue irréprochable. Avec le sahih Muslim, le sahih Bukhari jouit de la plus grande autorité, et est qualifié “excellent”.

Le premier des sept hadiths cités (volume 4, livre 52, 261, rapporté par Malik bin Anas) dit :

Ungroupe dehuithommesdelatribu desOklites vint voir le Prophète, ayant trouvé que le climat de Médine ne leur convenait pas. Ils lui dirent:«Ô Apôtred’Allah! Donnes-nous un peu de lait». L’apôtre d’Allah dit:«Je vous demande de rejoindre le troupeau des dromadaires». Ils allèrent donc et burent l’urine et le lait des chamelles (comme un médicament) jusqu’à ce qu’ils soient en bonne santé et aient grossi.Puis ils ont tué le berger,emmenèrent les dromadaires,et sont devenus mécréants après avoir été musulmans.Quand le Prophète en a été informé, il envoya des hommes à leur poursuite, et avant que le soleil ne se lève, ils lui furent amenés. Il leur fit couper les mains et les pieds, puis ordonna qu’on leur crevât les yeux avec un fer rougi au fer et ils perdirent ainsi la vue. Puis on les jeta dans l’ H’arra (terre rocailleuse de Médine). (En vain) ils demandèrent à boire et personne ne leur a fourni de l’eau jusqu’à leur mort. (Abu Qilaba,un narrateur dit: «Ils ont commis le meurtre et le vol, se sont battus contre Allah et Son Apôtre,et ont répandu le mal sur la terre»).”.

Le verset 33 de la sourate 5 prévoit: “La punition de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et s’efforcent de semer la corruption sur la terre sera seulement, d’être tués, ou crucifiés, ou d’avoir les mains et les pieds opposés coupés, ou d’être bannis. “Cela sera pour eux opprobre en la Vie immédiate et, en la Vie dernière ils auront un tourment immense”. La punition infligée par Mahomet est donc beaucoup plus cruelle.