L’islamologue Raymond Ibrahim (américain d’origine copte) a  publié cet article (05-04-2021) sous le titre “The Most Tragic Story Never Told: The Muslim Persecution of Christians“. Sur son site, il commente le dernier rapport (édité en janvier 2021) “World Wide List, 2021” d’Open Doors ONG internationale humanitaire chrétienne évangélique. Il évoque aussi l’épais voile de silence, et d’indifférence (manipulations médiatiques diverses) qui couvre les persécutions subies par les chrétiens.

Remarque liminaire. Cette étude a recours à des “liens hypertexte” sous forme de lignes bleues (équivalent aux références à la fin d’un texte), permettant d’accéder (uniquement via un écran), par clic sur l’une de ces lignes, aux sources utilisées, à la définition d’un terme, ou à la justification d’une affirmation. Une copie “papier” de cette étude ne permet pas le complément d’information donné par ces “liens“.

RÉSUMÉ. L’étude de l’islamologue Raymond Ibrahim (américain d’origine copte) a été publiée (05-04-2021) sous le titre “The Most Tragic Story Never Told: The Muslim Persecution of Christians” (Voir son site). Il s’agit d’un commentaire du dernier rapport (janvier 2021) “World Wide List, 2021” d’Open Doors (cf. en français: Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2021, https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens). La traduction du texte, publié en anglais, est donnée ci-dessous en format PDF (à la fin de la partie Présentation et Analyse).

– PRÉSENTATION et ANALYSE du Texte de Raymond Ibrahim.

Sur la base du bilan mensuel que cet auteur publie depuis octobre 2010, son article donne une information stupéfiante (dont les chiffres peuvent être vérifiés via les liens hypertexte fournis) : “Entre 2018 et 2021, la persécution des chrétiens a augmenté de près de 60 % dans le monde“. Il ajoute: “si l’on en croit les tendances actuelles, elle continuera probablement à augmenter et à se propager dans d’autres régions“.

L’article a aussi l’intérêt de démonter (avec exemples) les mécanismes de désinformation (manipulation, et/ou occultation, des faits) des médias dominants américains. Ces “mécanismes” sont les mêmes que ceux utilisés par les médias français, et par certains responsables politiques, ainsi que le montrent les quelques exemples qui suivent:

– Le communiqué de l’Élysée [LIRE] (publié à la suite de la décapitation de 21coptes sur une plage libyenne) qui parle de “ressortissants égyptiens” (sans mention de religion). Ceci, alors que les coptes ont été assassinés parce qu’ils étaient chrétiens, ce que le message de l’État Islamique mentionne très clairement: “Message, signé avec le sang, adressé aux nations de la Croix. A bientôt“. Ce fait est aussi mentionné dans l’article de Raymond Ibrahim, qui cite les chaînes (USA) ABC, CBS et NBC, où la couverture médiatique d’un gorille, abattu après la chute d’un enfant dans son enclos de zoo, a été six fois plus importante que celle des 21 chrétiens décapités pour avoir refusé de renier leur foi [VOIR].

– Silence des médias dominants français sur la religion des 237 lycéennes âgées de 12 à 17 ans enlevées par Boko Haram, enlèvement qui a eu lieu à Chibok (Nigéria) dans la nuit du 14 au 15 avril 2014. C’est indirectement que l’on peut identifier le très probable christianisme des captives: le 31 octobre, Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, affirme que les captives “se sont converties à l’islam et se sont mariées” .

– Le 02/04/2015, un groupe islamiste somalien (Chebab) attaque un campus universitaire au Kenya, et massacre 147 étudiants. Le même jour, le site de l’Élysée publie un communiqué du Président de la République condamnant un “terrorisme le plus abject, celui qui s’attaque à la jeunesse, au savoir et à l’éducation“, mais une fois de plus sans mention de la religion des victimes. De leur côté, la plupart des radios et télévisions ne mentionnent pas que les chrétiens étaient explicitement ciblés. En effet, les étudiants ont été triés, les musulmans étant épargnés.

– Le 26/02/2021, l’hebdomadaire Le Point publie un articleNord Ouest du Nigeria: nouveau kidnapping de masse dans une école“, parlant de “300 jeunes filles toujours portées disparues“, et ajoutant “Il y a neuf jours, des hommes armés ont envahi un pensionnat à Kagara situé dans l’État voisin du Niger, où 42 personnes, dont 27 élèves, ont été kidnappées.” Ceci sans mention de la religion des victimes qui sera peut être découverte par l’annonce future (?) de leur conversion à l’islam et leur mariage.

– Quand il s’agit des persécutions subies par les musulmans en Chine avec les Ouïghours (Bruxelles sanctionnant Pékin), en Birmanie avec les Rohingyas [déclarée par l’ONU “la minorité la plus persécutée au monde“, donc pas celle des chrétiens en voie de totale disparition au Moyen Orient qui a vu la naissance du christianisme], le “deux poids deux mesures” médiatique, et politique, devient flagrant et généralisé.

Alors que les païens des pays conquis doivent se convertir ou mourir, l’article de Raymond Ibrahim mentionne le “Pacte d’Omar” (ou Umar) qui, moyennant un impôt spécifique (la jizjah) permet aux chrétiens, aux juifs, et aux Zoroastriens (les dhimmis) de conserver leur religion, à condition d’accepter le statut d’infériorité (la Dhimma) défini par les protocoles de ce Pacte. Enfreindre l’une de ses règles pouvait (ou peut) valoir la mort ou la saisie des biens [LIRE]. La jizjah trouve son fondement dans le verset 29 de la sourate 9 at-tawbah (Le repentir) du Coran :

« Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Allah ni au Jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Allah et son apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils payent le tribut [la taxe, l’impôt] de leurs propres mains et qu’ils se soient soumis [humiliés]. »

Ce thème de l’humiliation est développé dans l’article “La violence morale dans les ahkam ahl-dhimma d’ibn qayyim al-jawziyya” [LIRE] de l’islamologue Marie-Thérèse Urvoy. Cette étude est une analyse de l’ouvrage (2 volumes, 1961) “Aḥkām ahl al-dhimma” d’Ibn Qayyim al-Jawziyya, consacré aux statuts légaux des dhimmîs. L’ouvrage est constitué d’une longue introduction et de six grandes parties: (a) Les statuts gérant le négoce, les églises et les ermitages; (b) Exposé de ce que les dhimmîs disent de blâmable et pratiquent comme interdits; (c) Exposé des moyens par lesquels les dhimmîs doivent se distinguer des musulmans (monture, vêtement…); (d) Les transactions entre musulmans et dhimmîs, les genres d’association licites, … ; (e) Les règles de l’hospitalité que doivent légalement les dhimmîs aux musulmans; (f) Énumération de ce qui cause tort et préjudice aux musulmans et à l’islam de la part des dhimmîs. Dans ce livre, le critère de la supériorité hiérarchique du musulman comme tel est central. L’ouvrage a été l’objet de rééditions en Arabie Saoudite, diffusées à grande échelle dans le monde islamique et parmi les minorités de la diaspora islamique. Il fait apparaitre le fondement de la violence morale (mépris, discrimination), et des violences “physiques” subies par les chrétiens, dans les pays musulmans.

Il faut noter que, sur la base du bilan d’Open Doors, l’article de Raymond Ibrahim cite aussi des pays non musulmans (Corée du Nord, Chine, Inde et Mexique, où les chrétiens sont persécutés pour d’autres raisons). Pour le Mexique les persécutions sont différentes:chrétiens amérindiens persécutés par leurs tribus qui les considèrent comme des traîtres; dans plusieurs villes du Mexique, le crime organisé sème la terreur et les chrétiens sont ciblés quand ils refusent de collaborer.

L’article se termine en évoquant l’épais voile de silence, et d’indifférence, qui couvre les persécutions (essentiellement pour des raisons de comportement politiquement, religieusement et ecclésialement correct [LIRE]):

Et pourtant, la plupart des Américains, y compris la plupart des chrétiens autoproclamés, sont soit totalement inconscients de ce phénomène, soit n’ont aucune idée de son ampleur, et de sa signification. Si la croissance régulière des persécutions ne s’inverse pas, l’Occident restera dans l’ignorance, jusqu’à ce que la persécution commence à le frapper directement. A ce moment-là, les reportages objectifs ne seront plus nécessaires, car la persécution deviendra pour tous une évidence tragique.

Aux États Unis, a propos des “chrétiens autoproclamés“, l’indifférence des églises américaines pour le sort effroyable des chrétiens persécutés a suscité la stupéfaction de la journaliste américaine Kirsten Powers: “Les chrétiens du Moyen-Orient forcés de fuir le berceau du christianisme, et d’Afrique, sont massacrés, torturés, violés, kidnappés, décapités. On pourrait penser que cette horreur pourrait dévorer les chaires et les bancs des églises américaines. Il n’est pas ainsi. Le silence est presque assourdissant“. De son côté, le Gatestone Institute s’étonne du silence du Pape.

En France, la situation est la même. Parfois on a une très rapide et extrêmement rare mention de persécution (limitée au mot, sans commentaire, i.e. le “service minimum”), mention noyée dans le chapelet des intentions égrenées lors de la Prière Universelle, et le terrible sort de nos frères dans le Christ (qui reproduisent l’héroïque témoignage sanglant des premiers chrétiens) n’est quasiment jamais évoqué dans les homélies. Ce sont des non chrétiens (athées, ou musulmans dont Muhammad Al-Hussaini et Boualem Sansal),) qui manifestent leur compassion pour ces chrétiens.

L’un de ces athées, Raphael Delpard, auteur d’un livre et d’un film, voie dans ces persécutions un “mystère encore plus impénétrable lorsqu’on tente de comprendre le moteur interne des chrétiens qui les pousse à endurer, mourir, plutôt que de sauver leurs vies, et leurs pauvres destins“. Dans une recension du livre de Raphaël Delpard, la journaliste de Riposte Laïque, Lucette Jean-Pierre, bouleversée par le courage de ces chrétiens qui subissent de longues séances de tortures, mais refusent d’abjurer leur foi, quitte à payer cela du prix de leur vie, s’étonne du silence de l’Église catholique, du silence des hommes politiques de droite comme de gauche. De son côté, lors de sa visite dans les églises et les villages du nord Nigeria incendiés, ou détruits, par les fondamentalistes islamiques, le philosophe Bernard-Henri Lévy, profondément touché par le sort cruel des chrétiens de ces régions, reproduit le témoignage de prêtres, évêques locaux sur des femmes, et hommes, mutilés, assassinés, après avoir refusé la conversion à l’islam.

S’adressant aux leaders chrétiens, une personnalité musulmane britannique, le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini, va même jusqu’à dire que “la persécution des chrétiens s’amplifie parce que la hiérarchie de l’Église s’en soucie peu“ (A ce sujet, lire l’article “Iman blames Christian Leaders for the Persecution of Christians” du site de Christian Concern. De son côté l’écrivain algérien, Boualem Sansal, s’étonne lui aussi d’une telle indifférence. Il le fait dans un article de la Revue des Deux Mondes, consacré à la situation religieuse actuelle, sous fond d’un islam deuxième religion de France,bientôt la première” (dernier quart de la page 54). Or, sur le critère de la pratique religieuse, l’article Islam Overtaking Catholicism in France, basé sur un sondage de l’IFOP de 2011, dit que l’islam était déjà la première religion en France: 1.9 million de catholiques pratiquants, 2.5 millions de musulmans pratiquants.

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