A hesra a zik-nni – Ah ! Les belles années d’avant…

Poème d’Ahcene Mariche tiré de son second recueil TAAZZULT-IW (confidences et mémoires) édité en 2006.

(avec son accord pour les textes kabyle et français, ainsi que la musique)

A hesra a zik-nni

A hesra a zik-nni

Mi tudert tesaa lbenna

Ass-a achal ur d negri

Iruh wissen sanda

Ghaben amek almi

D acu ay d ssebba

Nefaan macci d izli

D azal ur sent negga

***

Anda-tt tidet d ssfa

Anda-t wuhdiq d inifi

Anda-t nnif d trugza

Anda-t ass-a uaardhi

Anda-t sswab nesaa

Ur nettmaaqal madhi

***

Anda-tt lherma, lahya

Anda-t leqder-nni

Anda-tt ass-a nniya

A temdhel-itt tihherci

Neqbel, naammed iw-aya

D nnif ur d agh yewwi

***

Ruhen wa deffir wa

S lexbar ur d newwi

Ghef kra ma n nuda

Di tmetti ur d-yegri

Tifin-nsen ula anda

I tmughli-k aiwed wali

***

Anda-t wawal n yergazen

Mi ggullen ur henten

Anda-t ledjmaa-nsen

Yefran tilufa icudden

Anda-tt tzeqqa iten ijemmaan

Ibeddel wudem-is dayen

***

Anda-t lkanun igh-d-ijemmaan

Ula d timucuha nni

Isefra, tiqnaz, timaayin

D taryel d waghzen nni

Adfel d iregglen imnaren

D duxxan si yal axxam yuli

***

Anda-t ass-a udhelaa

Ittessrren ay d nettawi

Deg ulawen ulac littaa

N veyqi-tt fell-agh almi

Iaarq-agh ula d nnfaa

Di lexssara a nettrebbi

***

Anda-tt teksiwt d lfudha

Assaru yak d umendil

Nettwassen yak s lfetta

Ruh s At yanni dhil

Afexxar yak d Maatqa

Achal yeqqimen ur yemsil

***

Anda-tt taabat d waalaw

Deg At hicem qlil-it

Ruê aaddi s Agawaw

Ttmektin ten-i d s tislit

Aya deg umezruy d ayla-w

Aaddi-t ass-a mlet-iyi-t

***

Anda-ten imessenda

Anda-tt tfeqlujt

Anta yesnen tuzzga

D tameqrant, d taqrujt

Dayen ass-a n ghunfa

TTaam n tallumt

***

Anda-ten ttrabeq

Ssi nteddu i wegris

Anda-t ass-a lheqq

Melmi ay d ass-is

Ittij ur d icerreq

A d ttlam uttelhis

***

Anda-t ssuq nessen

A ghaben yemsewqen

Tjara deg ihbiben

Nutni ur d sewwqen

Lahram lexsara i d udjwen

Ccuren d akk idhelaan

***

Anda-ten ifennanen

I agh yessrun, I agh yesferhen

Anda-ten imedyaten

Wid achal I agh -islemden

Anda-t wawal iweznen

A d assenttedh a ssenttadhen

***

Anda-tent akk tirac

A yeqwa ukerfa

Anda-t wahbac

Ajilban, lbecna

Yir tixenfac

A ghunfant ass-a

***

Anda-t udekkan

Anda-ten ikufan

Anda-ten yirden

Anda-ten inighman

Anda-ten wurtan

Anda-ten imawlan

***

Anda-tent tbugharin

Anda-ten yizlan

Anda-tent temmneggfin

Mebla imensi yensan

Anda-tent tmeghriwin

N ttbel n zzman

***

Anda-tt taacurt

Anda-t ubuaafif

Anda-tt tmecrett

Yezzuzufen lhif

Anda-tt tghidett

Ass-a ur n shissif

***

Anda-t utterbuz

Anda-t Jaba

Anda-t uzduz

Anda-tt tala

Ulac ala yettnuz

A yerna s leghla.

– Ah ! Les belles années d’avant,

Ah ! Les belles années d’avant,

La vie était savoureuse,

Et de nos jours, rien ne reste de bon.

Vers quelle destination mystérieuse,

Pourquoi et jusqu’à quand,

Ont-ils disparu d’une façon curieuse ?

Ce sont des jours si importants,

Mais la société n’est guère généreuse.

***

Où sont-elles, la franchise et la sincérité ?

Où est le respectueux et l’honorable ?

Où est la bravoure et la dignité ?

Où est de nos jours le notable ?

Où est la justice héritée ?

Qui de nous reconnaît son semblable ?

***

Où est la décence et la pudeur ?

Où est le respect d’antan ?

Où est la modestie de l’heure ?

Est-elle bannie par la ruse autant ?

Tant pis, nous somme tous approbateurs,

Honte à nous, c’est déshonorant !

***

L’une derrière l’autre, les vertus s’en vont,

Nous laissant perplexes et ahuris.

Aucune trace d’elles cependant,

Rien ne subsiste, c’est fini.

On a beau chercher, c’est le néant,

Il est temps de revoir ta vie.

***

Où est la parole d’homme

Qui ne se rétracte après le serment ?

Où est leur petit royaume

Où se dénouent les conflits les plus ardents ?

A présent, quel sera leur dôme ?

Dire que rien n’est plus comme avant.

***

Où sont les veillées nocturnes conviviales,

Et les belles histoires de l’époque ?

Poèmes, devinettes et leçons de morale,

L’ogre, l’ogresse et leurs contes de choc ?

Les seuils bloqués par la neige hivernale,

Et la fumée que dégage chaque bicoque ?

***

Où est le couffin d’autrefois,

Des provisions, il assurait le secret ?

A présent, les cœurs sont étroits,

Dans l’impasse, on s’est jeté.

On a perdu le sens des droits,

Nous voilà devenus maîtres du pêché !

***

Où est la robe et la fouta d’avant ceinture

La ceinture et le foulard

Réputé par la bijouterie d’argent

Je t’invite à Beni Yenni et pars.

Maatkas en poterie est champion,

De nos jours, tout est mis à l’écart.

***

Qu’est devenue notre chère tapisserie ?

Aux Aït Hichem même, elle se fait rare.

Vas du coté d’ « Agawaw » aussi

Qui n’en vante le mérite qu’en fêtard,

De ces legs de notre histoire, j’en fais partie,

Montrez-moi dans tout cela ma part.

***

Quel sort réservé à l’outre,

Qu’est devenue la jarre ?

Qui sait traire en outre,

Qu’il soit jeune ou vieillard ?

De nos jours, on en a que foutre

Du couscous du vieux montagnard !

***

Où sont les douces guêtres,

Qui nous protégeaient de la gelée ?

Où est la raison des êtres,

Quand sera-t-elle restaurée ?

Le soleil ne luira jamais, peut-être,

Est-ce le noir absolu et assuré ?

***

Et le marché traditionnel,

Serait-il vidé de sa clientèle ?

Le trafic se fait entre fidèles,

Mais, de ces derniers aucune nouvelle ;

De l’illicite, du déficit et de bagatelles,

Ils ont bien rempli leurs corbeilles !

***

Où sont passés nos artistes de renom

Qui nous faisaient rire et pleurer ?

Que sont devenus nos maximes et nos dictons,

Grâce auxquels, nous sommes cultivés ?

Où est passée la parole de raison ?

De nos jours, tout semble gauche et bariolé !

***

Que sont devenus nos champs de blé,

Rongé a présent par l’ivraie ?

Où est la vesce, jadis, cultivée ?

Petits pois et avoine de qualité ?

Hélas ! Aujourd’hui, les pauvres déguenillés,

N’y trouvent aucun goût, si ce n’est de la nausée !

***


Où sont les bancs d’argile ?


Où sont les IKOUFANS,

Où le blé s’empile

Et les figues sèches notre manne ?

Où sont les prairies fertiles,

Et les propriétaires gentlemen ?

***

Où est la poésie de femmes

Et les chants d’amour qu’elles fredonnent ?

Et cette mariée qu’accompagnent les dames,

Sans, qu’au dîner, celle-ci s’adonnent ?

Où sont ces fêtes qui enflamment,

Grâce aux tambours de jadis, qui résonnent ?


***

Où est le plaisir de l’Achoura,

Qui soulage démunis et indigents ?

Où les enfants se déguisent en mendiants ?

Où est le sacrifice partage des « Dachras »

Où est le mythe de la chevrette d’autrefois,

Que l’on évoque que dans les contes à présent ?

***

Où est l’homme infatigable et automate,

Où est l’homme économe et prévoyant ?

Quel sort réservé à la batte ?

Où est la source et la fontaine d’antan ?

De nos jours, tout se marchande, on le constate,

Et à des prix exorbitants.