Souvenons nous de cette jeune femme, originaire de la Kabylie maritime actuelle, divisée en ce temps-là entre la Maurétanie Césarienne à l’ouest, avec pour centre administratif Césarée c’est-à-dire l’actuelle Cherchell ; et la Maurétanie Sitifienne à l’est, ayant Sétif comme chef-lieu.

Une province dont les limites sont bien sûr la mer, au nord, et le Limes romain au sud, qui suit, grosso modo les Hauts Plateaux depuis les Chotts (lacs salés) jusqu’à Siga (Sig aujourd’hui) en passant par Tlemcen (Pomaria à l’époque), qui sont les limites occidentales. Tandis que sa limite orientale coupe la Kabylie au niveau d’Auzia (Lakhdaria, ex-Aumale) en partant de la ville de Tigzirt, à peu près.

    Son martyre a lieu à l’époque de Dioclétien, vers 303 après J.-C. L’empire romain persécute encore les chrétiens, et cette persécution dioclétienne sera à l’origine du schisme donatiste.

Marcienne quitte donc son lieu de naissance pour s’enfermer, à Césarée, dans une cellule loin du monde, afin de garder intacte sa virginité. Une nonne avant l’heure…

Bien avant les ermites des déserts de Palestine et d’Egypte (tels le célèbre st Antoine), qui donneront naissance au monachisme (moines), le christianisme des origines a en effet suscité très tôt les « vierges consacrées ». Une manière de renoncer au monde et à ses tentations et de se vouer au seul « époux céleste ».

L’idolâtrie régnait alors en Afrique, comme dans le reste de l’Empire.

Un jour Marcienne visite la ville de Cherchell et y trouve, près de la porte de Tipasa, sur la place publique, une statue de Diane, la déesse de la chasse. Elle ne peut supporter sa vue et décide de lui briser la tête.

Arrêtée par la foule, puis frappée de verges, on l’entraîne au prétoire pour la condamner à périr dans l‘amphithéâtre, sorte de cirque équivalent à un stade moderne.

On l’expose d’abord au roi des animaux qui ne lui fait aucun mal, par miracle.

On lâche sur elle un taureau qui lui enfonce ses cornes dans la poitrine. Elle en tombe sur le sol, à moitié inanimée.

Pour finir on jette sur elle un léopard qui, la mettant en pièces, va la faire expirer.

     L’Eglise la fête le 10 juillet, en sa qualité de vierge et martyre.

     Voici frères et sœurs d’Algérie qui aspiraient à connaître Celui pour qui Marcienne a sacrifié sa vie de femme, et qui l’a donnée tout simplement en offrande, martyre innocente, elle qui n’a tué personne, ne sait pas faite sauter en kamikaze par haine des autres, voici ce qu’en dit notre frère aîné dans la foi, Augustin de Thagaste :

“C’est pourquoi, ô vierges de Dieu, faites ceci, faites-le : Suivez l’Agneau partout où il ira. Mais d’abord venez à celui que vous allez suivre et apprenez qu’il est doux et humble de cœur. Venez humblement à celui qui est humble, si vous aimez ; et ne vous éloignez pas de lui, de peur de tomber. Car celui qui redoute de s’éloigner de lui, prie et dit : « Que l’orgueil ne mette pas son pied sur moi ». Suivez la route des sommets du pas de l’humilité. Il exalte lui-même ceux qui le suivent humblement, Lui à qui il n’en a pas coûté de descendre jusqu’à ceux qui gisaient à terre.”

Heureux les invités aux noces de l’Agneau !

Ils ont été rachetés d’entre les hommes,

Comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau.

Ils chantent le cantique nouveau

Devant le trône de Dieu et de l’Agneau.

Ils suivent l’Agneau partout où il va,

Car ils sont vierges.

     Dieu éternel et tout-puissant, tu as donné à sainte Marcienne de se consacrer à toi et de lutter contre les idoles ; que son exemple nous entraîne à te servir avec un cœur sans partage. Par Jésus Christ.