– 1 Arrestation d’un jeune marocain pour prosélytisme chrétien à Taounate

L’ouverture religieuse du Maroc a des limites. Le libre exercice du culte pour les autres confessions n’est, souvent, garanti que pour les hommes et femmes nés de parents non-musulmans. En revanche, pour les Marocains souhaitant embrasser le christianisme ou une autre religion, ils risquent l’emprisonnement : entre six mois et trois ans.

Diffuser la foi chrétienne au Maroc est toujours réprimé par la loi. C’est un délit, selon l’article 220 du Code pénal. Un jeune, originaire de Taounate (80 km au nord de Fès), vient d’apprendre, à son corps défendant, cette réalité. Il est, depuis le mercredi 28 août, derrière les barreaux, dans la prison de Aïn Aicha (à 12 km de sa ville), pour prosélytisme chrétien.

Le vendredi dernier, il a été remis au parquet de la ville. Il est poursuivi en détention provisoire. Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien Assabah, rapporte que l’arrestation du mis en cause fait suite à des informations faisant état de tentatives de sa part en vue de séduire des jeunes de la région pour les convertir au christianisme.

Converti depuis plus de sept ans

Les autorités locales, ajoute la même source, ont mis le domicile du prévenu sous surveillance avant de procéder à une perquisition au cours de laquelle ont été trouvé plusieurs copies de l’Évangile et des CD, destinés à la distribution aux futurs fidèles. Assabah avance que le jeune de Taounate aurait avoué les délits que lui reproche le parquet.

Il aurait, également, déclaré que sa conversion au christianisme remonte à sept ans, déjà. Il aurait indiqué à la gendarmerie que grâce à l’entremise d’une radio étrangère, il aurait rencontré des Marocains et des étrangers, dont notamment un Américain, originaires de différentes villes du royaume, des chrétiens comme lui. Cette interpellation devrait être le prélude à une vague d’arrestation des personnes ayant eu des contacts avec l’ouvrier de Taounate.

Ébranler la foi du musulman est passible d’emprisonnement

Pour faire face aux campagnes de prosélytisme visant les Marocains, le législateur a conçu l’article 220 du Code pénal : « Est puni d’emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats ».

Dans son dernier rapport 2013 sur les libertés religieuses dans le monde, le Département d’Etat américain estime, à 4000, le nombre de Marocains convertis au christianisme.

 

– 2 Trente mois de prison pour le jeune marocain accusé de prosélytisme chrétien

Le lundi nous avions consacré un article à l’arrestation d’un jeune marocain, accusé de diffuser la foi chrétienne. Il vient d’écoper, hier, de trente mois de prison. Devant la cour, le prévenu a avoué sa conversion au christianisme. Deux Américains figurent parmi ses contacts.

Sur certains dossiers, la justice marocaine opère avec une grande vitesse. Dans l’après-midi du mardi, le tribunal de première instance de Taounate a condamné un jeune de la région, mis en cause dans une affaire de prosélytisme chrétien visant à ébranler la foi d’un musulman, à deux ans et demi d’emprisonnement et 1500 dh d’amende. Et pourtant, le dossier est encore très récent, voire même trop.

L’arrestation du prévenu s’est produite, comme nous l’avions annoncé dans un précédent papier, le mercredi 28 août, deux jours plus tard, il est remis au parquet pour un complément d’interrogatoire et le mardi le verdict tombe. Un record.

Devant la cour, le jeune n’a pas nié les faits

Une sentence, plutôt, conforme à l’article 220 du code pénal qui prévoit des peines entre « six mois à trois ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams » pour  quiconque emploie « des moyens de séduction dans le but de convertir » un musulman «  à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats ».

Selon le site taounatenews.com, le marchand ambulant n’a pas nié, devant la cour, sa conversion au christianisme. Il s’est dit complètement convaincu des idées qu’il était en train de diffuser auprès des jeunes de la région. Pour mémoire, le mis en cause a adopté la même attitude lors de l’interrogatoire avec les gendarmes de la commune de Aïn Aicha ou chez le juge d’instruction.  

Deux Américains parmi les contacts du prévenu

Cette affaire de prosélytisme à Taounate n’a pas encore révélée tous ses secrets. Le prévenu a avoué, lors des différentes phases de l’enquête, être en contact avec deux ressortissants américains qui l’équipaient en livres et CD louant la foi chrétienne.

A quelques heures de l’annonce du verdict, est-il prématuré d’avancer que le parquet de Taounate lancera un avis de recherche et d’arrestation des deux étrangers ? Sachant que depuis l’éclatement de l’affaire de l’orphelinat d’Aïn Leuh, en 2010, les autorités marocaines privilégiaient l’expulsion en catimini des Américains et des Européens pris en flagrant délit de prosélytisme chrétien, notamment auprès de la population des montagnes de l’Atlas. A moins que la justice marocaine ne se contente des seuls Marocains qui ont eu des contacts avec le jeune de Aïn Aicha ?

– 3 Le jeune condamné pour sa conversion au christianisme passé à tabac en prison

Source

La famille du jeune marocain, condamné à 30 mois de prison, pour avoir embrassé le christianisme, vit isolée dans le village d’Ain Aicha. Les habitants les évitent. Un drame qui s’ajoute à l’incarcération de leur fils. Une détention qui se déroule dans de mauvaises conditions. Il a été tabassé par les autres détenus à cause de sa religion. Craignant pour sa vie, la direction de la prison l’a, finalement, mis dans une cellule individuelle.

La mobilisation internationale en faveur du jeune de Taounate converti au christianisme, ne faiblit pas. Une pétition adressée au roi réclamant son  intervention, afin de libérer M.B, ne cesse d’accueillir des adhésions à travers les cinq continents. « Sa Majesté le Roi Mohammed VI, protecteur des droits et libertés des citoyens, groupes sociaux et collectivités nous peuple marocain vous sollicitons pour la mise en place et la garantie de la liberté de culte et de conscience au Maroc », demande avec déférence les initiateurs de la missive dont l’objectif est d’atteindre les 5 000 signatures.

Pour le moment, ils n’ont pas encore passé la barre des 800. Ce matin, les derniers signataires de la pétition demandant la libération du Marocain, condamné par le tribunal de première instance de Taounate, à trente mois de prison pour s’être converti au christianisme, proviennent du Royaume Uni, de Belgique, de Gibraltar et de France. Un indicateur qui révèle l’étendue de la mobilisation. Les auteurs de la pétition pointent du doigt la responsabilité de Abdelilah Benkirane dans l’échec de la tentative, au printemps 2011, visant à inscrire la liberté de conscience dans la première mouture de la dernière constitution.

Au village de Aïn Aïcha, la famille du converti vit isolée

Les prochains jours, la cour d’appel de Fès, fixera une date pour le début du procès. Sa famille soutenue par « des avocats du siège central de Rabat et du barreau de Fès a déposé un recours », indique Mohamed Oulad Ayad, le président de l’AMDH de la région Fès.

« Il y a plusieurs zones d’ombres dans cette affaire », nous confie-t-il. « Pourquoi les forces auxiliaires de Aïn Aïcha ont-ils ligoté les mains de M.B lors de son interpellation ? C’est une pratique dégradante et humiliante pour le prévenu. Il n’y a pas que çà. Dès le premier jour de son incarcération à la prison, le jeune a été tabassé par les autres détenus à cause de sa religion. Dans ce cas, qui les a informés qu’il s’est converti au christianisme. Grâce à la mobilisation de l’AMDH, la direction du centre pénitencier a mis M.B dans une cellule individuelle par peur d’être victime d’un assassinat », poursuit-il.

Les membres de la famille du jeune marocain subit, également, une autre forme de torture. « Les autres villageois les évitent. Ils vivent isolée et rares sont les personnes qui s’approchent d’eux. Il s’agit là d’une autre forme de violence qui montre que la société marocaine ne reconnaît pas les autres confessions », déplore Oulad Ayad.