Dans cette triste affaire, dont pour le moment l’épilogue n’est pas encore connu, je n’ai donné mon opinion que pour répondre à la demande d’un journaliste d’Atlantico. Mais, ainsi que je l’indique dans l’article, il est clair que ce sont plutôt les intellectuels et les responsables musulmans en France qui devraient être interrogés et, surtout, se prononcer sur la liberté de conscience dont ils bénéficient en Europe, mais à laquelle ils n’ont pas droit dans les pays régis par la Sharia.

Voici le lien pour l’article: Le journaliste saoudien Hamza Kashgari

Et des extraits:

 

Atlantico : Les musulmans modérés français devraient-ils s’élever contre ce type d’évènement ?

Moh-Christophe Bilek : Bien sûr que les Français musulmans devraient s’élever contre ce type de condamnation. Et je pense qu’au fond d’eux-mêmes, ils ne sont pas d’accord.D’une manière générale on peut même considérer que ce pauvre journaliste fait partie de cette majorité silencieuse. Silencieuse en effet car elle ne manifestera pas sa désapprobation. Pourquoi ? Voilà la vraie question qui mérite d’être posée.

Une telle interrogation appelle quelques remarques, au préalable. On considère qu’il existe deux catégories de musulmans : les modérés et les non-modérés. Soit, mais est-ce que les musulmans s’identifient à cette classification ? Je ne crois pas car c’est une façon de voir occidentale. La preuve, posons-nous cette autre question : à quels signes distinctifs reconnait-on un musulman modéré ?

C’est celui qui consomme du vin et mange du porc ? Celle qui ne porte pas le hijab, ou ne fait pas le Ramadan ? Celle ou celui qui ne dit pas ses 5 prières ? Et qui détermine ces signes extérieurs, n’est-ce pas le non-musulman ?

Le problème est là : c’est l’opinion occidentale (à travers ses médias et ses hommes politiques) qui croit que ses critères sont universels. Mais ce n’est pas du tout le cas : les pays islamiques, du reste, contestent depuis longtemps cet universalisme des droits de l’homme tels qu’ils sont admis en Occident, puisqu’ils ont adopté en 1990 (le 5/08 au Caire) la « Déclaration des droits de l’homme en islam ». Laquelle limite, en particulier, la liberté de choisir sa religion ou d’en changer, du fait qu’elle ne reconnait qu’une seule source pour le droit, la Charia[i]. De sorte que le musulman modéré n’ignore pas que, s’il enfreint la loi islamique comme ce pauvre Hamza, il s’expose à de lourdes peines.

Ni en France, ni ailleurs en Europe, nous ne verrons des manifestations de soutien aux téméraires qui expriment une opinion divergente en islam ; et encore moins en pays musulmans. En revanche on a vu et on continuera de voir les fondamentalistes islamistes descendre dans la rue, à la moindre atteinte contre leur religion.

[…]

 Je pense que le meilleur service que pourraient rendre les journalistes, pour aider ces musulmans modérés, serait de mettre face à leurs responsabilités les représentants de l’islam de France, comme ceux du CFCM, par exemple, en leur posant ce genre de questions qui fâchent. Après tout les autorités françaises les ont reconnus à ce poste et les ont voulus comme interlocuteurs privilégiés de l’islam.

N’attendons pas une hypothétique réaction des musulmans modérés. C’est comme attendre qu’ils choisissent entre deux culpabilisations : être de mauvais musulmans ou être de mauvais Français ?

[…]

En effet, et ce n’est une spécificité d’aucune communauté musulmane de France ou d’ailleurs, la liberté individuelle n’est pas admise, en matière de religion : Allah seul est libre ; et nul croyant n’échappe à la loi édictée par l’Oumma musulmane, dite Charia.

La Déclaration du Caire insiste, d’ailleurs, sur le rôle de l’Oumma, la communauté des croyants. D’après le préambule, elle « éclaire la voie de l’humanité », pour qu’elle « apporte des solutions aux problèmes chroniques de la civilisation matérialiste ».

Note: La Charia comme seule source de référence : enfin, les articles 24 et 25 précisent que les droits et les libertés énoncées dans la Déclaration « sont soumises aux dispositions de la Charia » et cette dernière est « l’unique référence pour l’explication ou l’interprétation de l’un des quelconques articles contenus » dans la Déclaration. (oumma.com/Les-Declarations-islamiques-des)