LA NOUVELLE CHARTE du 11/11/11

C’est l’actualisation de la première charte que nous reprenons en 2ème page.

Pourquoi une actualisation?

Parce que nous venons de fêter nos dix ansd’existence et que de nouvelles conditions sont apparues, qui nécessitent une adaptation. En effet, à nos premiers objectifs, l’expérience sur le terrain nous amène à faire ces deux rajouts:

 créer des groupes de prière sans attendre qu’un converti venu de l’islam en fasse partie. Cela vient de la prise de conscience de la nécessité d’annoncer l’Évangile aux musulmans, par des frères et sœurs aînés dans la foi catholique ; qui sont de plus en plus nombreux à s’en rendre compte et à se lancer dans l’évangélisation, sans plus attendre : gloire soit rendue à Dieu de susciter des ouvriers pour sa moisson.

– se soucier dorénavant des ménages mixtes (chrétiens/musulmans) dont le conjoint chrétien finit presque toujours par devenir musulman de sorte que les enfants qui en sont issus le deviennent encore plus automatiquement.

 

La charte 2011

 

 « Naître d’eau et d’Esprit » Jn 3,5

 

Naître d’eau et d’Esprit” est une démarche spirituelle qui, en soi, n’est pas nouvelle, puisqu’il s’agit de proposer l’Évangile à notre prochain, quel qu’il soit.

Par ailleurs des chrétiens, de plus en plus nombreux, aussi bien parmi les convertis de fraîche date que parmi les frères aînés dans la foi, prennent conscience de la nécessaire annonce de la Bonne Nouvelle aux musulmans.

Tous ont le désir de relever le défi qui est fait à la foi chrétienne par l’islam. D’y répondre par les armes que nous a laissés le Seigneur Jésus : la foi, l’espérance et la charité. En utilisant ces armes pour l’accueil fraternel et l’amour de nos frères en Adam qui viennent des traditions musulmanes, c’est Dieu qui, en vérité, à travers nous, veut sauver tous les hommes.

 Ajoutons tout de suite que cette démarche, est inséparable d’une ouverture culturelle aux univers d’où ces personnes proviennent, puisqu’elles ne sont pas toutes Arabes, mais aussi Berbères, Turques, Iraniennes, du Sud-Sahel, etc. Nous entendons par “ouverture”, une attention respectueuse et une tendresse audacieuse aux personnes, indépendamment de la doctrine islamique à laquelle elles peuvent adhérer peu ou prou.

Une double demande d’information et de formation

En effet nous avons constaté, par expérience, que de jeunes personnes, mais également des moins jeunes, s’interrogeant sur le sens à donner à leur vie, parfois insatisfaits de l’héritage religieux qui leur a été transmis, viennent chercher des réponses du côté du christianisme et donc tout naturellement du côté de l’Église Catholique, très souvent la plus visible.

Par manque d’informations, ou faute de connaissances élémentaires tout simplement, ceux qui sont chargés d’accueillir “ces chercheurs de sens et de vérité”, sont démunis et il en naît une grande déception et une non moins grande frustration. Encore une fois certains néo-chrétiens étant passé par là, nous nous basons sur leur expérience.

Que ce soit au niveau de l’aide pour entreprendre une initiation pouvant aboutir au baptême, ou au niveau de réponses appropriés à des questions précises, des défaillances flagrantes sont à déplorer, chez nombre de catholiques.

Assez tôt, les pionniers de cette entreprise d’accueil, ont relevé l’impréparation à cette rencontre de deux mondes, longtemps opposés, est-il besoin de le souligner.

La bonne volonté a pallié souvent heureusement, et grâce à Dieu, aux insuffisances des uns et des autres.

Mais que dire alors de certains, à priori chrétiens, placés, qui plus est, dans des positions charnières, c’est à dire en situation d’avoir à accueillir des postulants, qui non seulement renâclent à le faire, mais, pire encore, dissuadent ou tentent de le faire par des discours qui entretiennent une insidieuse confusion?

Oui, en toute vérité, bien des membres de notre premier groupe ont connu cette déconvenue. Pour nous c’est un scandale, et nous prions le Seigneur de les prendre en pitié.

Hélas nous avons vu des frères et des sœurs s’en aller découragés et désappointés voir ailleurs.

Quant à nous, plutôt que de renoncer, nous avons pris du recul pour repartir sur de nouvelles bases. Et pour réfléchir, sous l’inspiration de l’Esprit, à une formule d’accueil et d’aide.

Les besoins sont en effet du côté des accueillants, à qui nous proposons notre expérience; et du côté de ceux qui frappent à la porte de l’Église Catholique, qui doivent être soutenus et encouragés. Notre groupe espère ainsi, et en toute humilité, faire la volonté du Seigneur Jésus qui veut que la Bonne Nouvelle soit annoncée à tous.

1 La prière comme base de l’action.

L’expérience, au bout de dix ans, est concluante: ce n’est pas pour nous faire plaisir, que nous prétendons vouloir aider, mais au contraire c’est pour répondre à un besoin. De fait nous avons la conviction que c’est une mission urgente à laquelle l’Église a le devoir de répondre.

C’est pourquoi nous nous félicitons d’avoir obtenu rapidement l’accord de l’évêque de Meaux à notre prière du dimanche, dite communion de prière Mère QABEL. Grâce à cette heureuse intuition, nous avons imaginé que c’était une manière d’indiquer que nous nous mettons derrière la Sainte Vierge, au service de la volonté du Seigneur, en le sollicitant de lever les obstacles et en lui demandant de nous éclairer.

L’idée est celle-ci : la première “cotisation” que nous demandons à nos adhérents et sympathisants est la prière. Une fois par semaine, le dimanche, trois prières courtes mais nécessaires doivent être dites: un “Notre Père”, un “Ave Maria” et les prières spéciales approuvées par le père évêque de Meaux.

2 Des groupes et non pas un seul.

Là aussi l’expérience nous a donné raison. Un grand groupe est difficilement gérable, contrairement à de petits groupes. La France est vaste et des demandes existent partout et même au-delà : la Belgique, l’Italie, la Suisse etc. L’handicap de la distance pour des réunions régulières, est ainsi solutionné par la prière et par la formation d’autres groupes, agissant dans le même esprit.

Par ailleurs, autant que faire se peut, il est souhaitable de tenir compte des différentes cultures d’origine et des différentes sensibilités des accueillants, sans forcer personne. Il faut garder de la souplesse dans les rencontres, tout en étant ferme sur la foi chrétienne face aux assertions de la doctrine islamique.

Occasionnellement enfin, et en fonction des possibilités, il ne convient pas de négliger l’importance des réunions plénières pour que les différents groupes se rencontrent et s’encouragent.

3 Le travail à accomplir.

Il y a d’abord un travail à accomplir sur nous même. Se tourner vers le Seigneur est une nécessité de chaque jour. Et puis nous sommes faibles et pécheurs tout autant que ceux que nous voulons accueillir et accompagner: nous avons constamment besoin qu’Il nous soutienne et nous pardonne, bref qu’Il nous sanctifie.

En outre, disons le une fois pour toute, la conversion est l’œuvre de Dieu. Amener tous les hommes sincères à la foi en Jésus-Christ n’est pas une œuvre humaine. Ceux qui penseraient cela doivent écarter de leur esprit pareille vanité.

Nous ne pouvons être que les instruments du Seigneur, car l’annonce de l’évangile aux musulmans nous dépasse par son ampleur.  De même ceux qui prétendent aimer tous les hommes ne savent pas de quoi ils parlent. Dieu seul aime tous les hommes, Lui seul le peut. Aussi charitables que nous soyons nous ne pouvons aimer que de manière limitée. Heureusement ce n’est pas Son cas, Lui qui continue à nous poursuivre de son amour, quand bien même nous nous serons détournés de Lui!

Nous avons en revanche le devoir d’adhérer à ses recommandations : nous aimer les uns les autres et aimer notre prochain comme nous-mêmes. Commandements qui s’expliquent quand on ne doute pas que tous les hommes sont frères en Adam, mais qu’il leur est proposé une fraternité éternelle en Jésus Christ qui nous le promet dans Luc 20.36 : Car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection.

Enfin nous croyons définitivement que notre pire ennemi n’est pas l’homme mais le mal sous toutes ses formes. Ce mal dont la finalité est la destruction de l’homme, sa séparation d’avec Dieu, dispensateur de vie, rédempteur et sauveur. Nous n’avons pas besoin de dire que la Bible le nomme: il est le tentateur du jardin d’Éden, l’accusateur de nos frères. Il est non seulement notre ennemi mais l’ennemi de Dieu qui, l’Écriture l’atteste, en viendra à bout au temps qu’il a fixé.

C’est pour cela qu’aucun homme ne doit jamais être haï car Dieu peut en faire notre meilleur ami. Pensons à Saint Paul, pensons simplement à nous mêmes qui étions loin, naguère, d’être dans de telles dispositions d’amour envers notre prochain.

D’où la nécessité de prier pour ses ennemis comme Jésus nous le recommande.

En fin de compte notre premier travail est, et restera, celui de la prière, individuelle ou en groupe, toujours en communion avec tous.

La fréquence des réunions importe peu; une fois par moi, plus si besoin, moins si des circonstances l’exigent. L’essentiel est de partager et de porter ce souci évangélique, tout en se soutenant. L’aide du Seigneur nous est acquise, puisque il nous a assuré que “là où deux ou trois sont réunis en mon nom, Je Suis avec eux”.

Les groupes sont libres de s’organiser en fonction de leurs besoins ; de témoigner et d’évangéliser à leur rythme et de se donner le nom qu’ils souhaitent. Il leur est conseillé de partager leurs expériences et de s’inviter à leurs rencontres.

Un pèlerinage annuel est organisé à Saint-Augustin en Seine-et-Marne par la Communion de prière Mère Qabel afin que ses différents membres, en groupe ou non, se retrouvent. Le bulletin de liaison de Mère Qabel existe aussi dans ce but. Ce qui n’empêche pas chaque groupe d’en avoir un ou tout autre moyen de nouer des liens et de soutenir.

Chaque groupe devra se faire connaître au sein de son diocèse ou paroisse. Nous agissons au sein de l’Église. N’oublions pas que c’est un service d’église que nous souhaitons rendre.

4 Notre nom : “Mère Qabel”.

Nous l’avons dit au début, notre but ultime est de proposer à nos sœurs et à nos frères la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, qui veut faire de nous des cohéritiers du Royaume, ayant le même Père… et c’est dans cette continuité qu’Il nous incite à ne pas hésiter à prendre Sa Mère pour notre Mère: “Il dit ensuite au disciple: “Voici ta mère” Jn 19,27.

Car il est avéré que les vrais frères ont  le même père et la même mère, comme nous l’a montré Saint Louis-Marie Grignon de Montfort : “Comme dans la génération naturelle et corporelle il y a un père et une mère, de même dans la génération surnaturelle et spirituelle il y a un père qui est Dieu et une mère qui est Marie.”

De sorte que pour signifier qu’il s’agit d’accueillir ceux que l’Esprit nous envoie, nous voulons mettre notre groupe sous la protection de Marie, la “Mère” par excellence. Or qui plus qu’une mère sait ouvrir ses bras à ses enfants perdus?

C’est par Jésus Christ, en effet, que nous sommes tous frères, puisque il nous propose d’être les enfants du Père. Mais Jésus, le Fils éternel, ayant été donné à l’humanité par Marie, montre ainsi que le meilleur chemin vers Lui se fait par sa mère.

Aussi avons-nous proposé dés le début le nom de  Mère Qabel. Pourquoi?

Cette nouvelle naissance, par “l’eau et l’Esprit”, par laquelle doivent passer les disciples du Christ, exige donc de nous, pour être pleinement ses frères, de traverser la mer, symboliquement représentée par l’eau du baptême; puis de recevoir l’Esprit de Dieu qui va agir en nous, nous transformant peu à peu en enfants au point que, selon l’expression du Nouveau Testament, nous pouvons crier “Abba”, c’est à dire Père.

On voit bien que si le baptême est donné par l’homme, duquel dépend ce sacrement visible, il n’en est pas de même du don de l’Esprit, dont la diffusion est invisible hormis à la première Pentecôte. Mais c’est toujours par l’Esprit que nous accédons aux choses de Dieu. Si bien que, comme le dit très bien l’apôtre des Gentils: “nul ne peut dire “Jésus est Seigneur” si ce n’est par l’Esprit Saint”.

Il en est de même de la bienheureuse Vierge Marie: c’est par le même Esprit que nous pouvons reconnaître en elle notre mère et nous dire ses enfants. Ainsi que le dit merveilleusement bien Saint Louis-Marie Grignon de Montfort:

Mais on veut dire que le Saint-Esprit, par l’entremise de la Sainte Vierge, dont il veut bien se servir, quoiqu’il n’en est pas absolument besoin, réduit à l’acte sa fécondité, en produisant en elle et par elle Jésus-Christ et ses membres”.

Ce qui fait dire justement à notre Église, expliquant l’Écriture (Rom 8,29): “Marie a mis au monde un Fils dont Dieu a fait le premier-né d’une multitude de frères”.

Marie est donc bien la mère actuelle et future de l’humanité sauvée par le sang de son Fils: c’est en cela qu’elle est “Qabel”, c’est à dire demain en berbère, plus exactement “l’avenir qui nous fait face, qui nous attend». Actuelle pour tous ceux qui le reconnaissent déjà, future pour tous les autres qui ne le savent pas encore.

Et c’est en cela que nous ne serons que des “accueillants”, comme Marie qui, la première, a dit ce formidable “fiat” qui a changé le cours de notre histoire. C’est aussi cela que signifie “Qabel”, faire face quand c’est un combat ou accepter d’accueillir quand il s’agit de recevoir.

Car elle nous précède dans tout: elle est le premier chaînon qui nous relie à Dieu. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort dit encore: “C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé.”

En résumé dans ce “Qabel” de la mère des hommes, s’il y a bien “un demain” à venir, il y a aussi d’une part à accueillir ceux qui nous sont envoyés, et d’autre part à faire face à l’adversaire, derrière notre mère, et la Mère de Dieu, toujours au sein de notre autre mère qu’est l’Église.