Voici notre réponse à la demande « comprendre l’Islam », et cette série de questions :

“Je suis catholique française, et je suis très touchée de voir que des musulmans découvrent Jésus. Puisque vous avez bien connu l’Islam, pourriez-vous m’aider à mieux comprendre cette religion? D’où vient-elle? Est-ce que c’est Mohammed qui a tout inventé, est-ce qu’il a vu un ange, est-ce qu’il a eu des hallucinations, est-ce que ça vient de Satan…??? Et que voulait Mohammed en l’instaurant? Est-ce que toute cette religion est fausse, ou est-ce que c’est un mélange? Est-ce qu’elle est fondamentalement violente et intolérante, ou est-ce qu’elle peut aider à rencontrer Dieu… Que dit vraiment le Coran? Est-ce que c’est vrai qu’il est plein de contradictions?”

Merci à vous Marie pour ces questions.

Merci pour l’estime que vous nous manifestez.

Cependant soyons humbles, il faudrait un livre pour traiter d’un tel sujet…

Pourtant vous mettez le doigt sur un problème majeur : la méconnaissance de cette religion, dont se servent les plus malintentionnés de ses partisans, en brouillant les esprits, est un moyen pour arriver à leurs fins. Il est donc de notre devoir d’informer les gens autant que nous le pouvons, dans un esprit chrétien.

Signalons d’emblée que la majorité de ceux qu’on dit musulmans vivent eux-mêmes dans cette ignorance. Ce qui explique les changements auxquels on assiste depuis 20 ans : l’Islam le plus radical est en train de balayer celui que pratiquaient nos parents, bon an mal an, avec, souvent, beaucoup de bonhomie.

En vérité, jusque là, il n’y avait pas un islam mais plusieurs : celui des Kabyles n’a rien à voir avec celui des Sénégalais, lequel n’a rien à voir avec celui des Egyptiens ou des Turcs, etc. Si bien qu’on assiste, mais avec beaucoup de timidité, à une certaine résistance face à cette prétention, qui s’est fait jour à partir des années Khomeiny,  à un Islam rigoriste, salafiste ou wahhabite.  Nous connaissons beaucoup de musulmans « lambda » qui sont encore plus troublés par cette évolution récente que les non musulmans.

Cette entrée en matière étant faite, distinguons donc entre vos questions :

A- Certaines, en effet, supposent des réponses subjectives ou de l’ordre du jugement personnel :

>>> « Est-ce que cette religion vient de Satan ? Est-elle donc fausse ou mélangée ? Forcément violente et intolérante ? »
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À chacun d’y répondre selon sa propre histoire et sa rencontre avec les musulmans et leur pratique religieuse, voire idéologique; selon aussi les définitions qu’il a de Satan, de la violence ou de l’intolérance.

Ainsi, parmi nous, certains, après avoir découvert le christianisme, ont radicalement rejeté l’Islam, n’y trouvant rien de positif ; d’autres, en revanche, tiennent un discours plus nuancé, pas tant sur la doctrine, mais sur les personnes musulmanes qu’ils fréquentent, dont leurs propres parents, pour ne pas les blesser : on vient de voir avec le discours du pape à Ratisbonne combien est vif le refus des représentants musulmans d’entendre toute critique …

Il faut, sur ce point, adopter la position de l’Eglise qui est pleine de respect pour les personnes, mais qui ne reconnaît pas l’Islam en tant que religion révélée : et nous allons voir, succinctement, les raisons d’une telle position. En ajoutant que, pour ce qui nous concerne, il est légitime de repousser cette religion dans la prétention qu’ont certains de ses sectateurs de nous empêcher de la quitter et, sous le prétexte qu’étant apostats, nous sommes passibles de mort au nom d’un soi-disant hadith de Mohammed.

B- Passons donc aux questions plus objectives :

>>> « D’où vient l’Islam ? Vient-il de Mohammed, qui aurait tout inventé, a dit avoir vu un ange (Jibril, Gabriel selon les traducteurs) ? A-t-il eu des hallucinations ? Que voulait Mohammed, dans ce cas, en l’instaurant ? »
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Mais, avant de traiter ces questions, vous avez abordé à la fin de votre message le problème du Coran, et ce qu’il « dit vraiment » ; enfin, demandez-vous, est-il plein de contradictions ?

C’est par là qu’il faut commencer, car sans Coran pas d’Islam. Et le Coran est un texte qui peut être de ce fait analysé et critiqué, en dépit des injonctions islamiques.

Que dit le Coran ? Remarquons tout de suite que c’est un « livre » qui s’est constitué contre la Bible (1).

Toutefois nous ne traiterons pas de son opposition à la foi juive (sourate 6,91), mais uniquement de ce qu’il oppose, et ceci dés le début, à la foi chrétienne (2) :

1- le Coran affirme que Jésus n’est pas Fils de Dieu, tout en admettant qu’Il vient de Dieu, et que Marie l’a conçu par la puissance de l’Esprit Saint. (3)

2- qu’Il n’est pas mort sur la croix, mais qu’il a été élevé au Ciel, d’où il reviendra à la fin des temps ; qu’un autre lui a été substitué… (4)

3- qu’Il a annoncé Ahmed (Mohammed) (5), nom que les oulémas (savants) musulmans ont voulu rapprocher, à tout prix, du mot grec Paraclet. Chacun sait que Jésus a annoncé la venue du « Consolateur », autrement dit le Paraclet (Esprit Saint), ce qui est advenu, effectivement, à la Pentecôte, soit 10 jours après son ascension au Ciel.

4- que le Jésus du Coran proclame qu’il n’a jamais demandé à être adoré comme Dieu avec sa mère. [sourate 5, 116-118] Sachez que les passages le concernant, dans le Coran, donnent l’impression que c’est un ersatz du vrai que nous connaissons par les Evangiles, à tel point qu’on se demande pourquoi les traducteurs du Coran en français, ont traduit le nom de Єisa en Jésus.

5- enfin comme la Bible est dite « falsifiée » dans son ensemble, les chrétiens ont également trahi le message du Christ, ce qui fait qu’ils sont considérés comme des idolâtres et des polythéistes du fait qu’ils croient à la Sainte Trinité. (6)

Les contradictions sont donc nombreuses, si bien que très tôt les « gardiens » sourcilleux du Coran (califes et autres autorités religieuses intéressées) ont été dans l’obligation d’y faire des rajouts, et de l’étayer par les fameux « hadiths » ou dits du prophète, dont on a aucune certitude sur leur authenticité. Il faut savoir qu’il est impossible de recenser les Hadiths, puisqu’il y en aurait des centaines de milliers !

Trois livres sont à lire pour ceux qui veulent aller plus loin :

a) « Le Coran est-il authentique ? » de Mondher Sfar (Tunisien), 2000.

b) « Le prêtre et le prophète », de J. Azzi (Arabe chrétien du Liban) 2001.

c) Bien sûr il faut y ajouter « le Messie et son prophète » de E-M Gallez, prêtre catholique, 2006.

L’hypothèse la plus vraisemblable, quant aux origines de l’Islam, nous la trouvons dans les deux tomes du père Gallez : cette religion viendrait d’une hérésie judéo-chrétienne, dans la mouvance messianiste qui attendait la réalisation de la prophétie d’Ezéchiel (au 6ème siècle avant JC) et, surtout, en s’appuyant sur celle de Daniel (au 2ème siècle avant JC) d’aider à cette réalisation en préparant la venue du Messie.

La période troublée des Maccabées, suite à l’occupation militaire de la terre d’Israël par les Grecs d’Alexandre le grand, a exacerbé le sentiment nationaliste juif. C’est alors que se constitue un courant messianiste puissant, dont les plus connus sont les Esséniens, se donnant pour tâche de délivrer Israël de cet occupant païen impur : nous avons dans l’évangile de Jean une allusion à ces « zélotes » (autre courant), par Jésus lui-même qui qualifie Nathanaël de « véritable Israélite ».

Lors de la prédication de Notre Seigneur, une partie de ce courant messianiste va, dans un premier temps, reconnaître en Lui le Messie attendu par Israël. Mais comme Il ne rétablit pas le Royaume de David, ainsi qu’ils l’espéraient, ces Judéo-Nazaréens (c’est le nom qui leur sera donné) vont « adapter » leur idéologie religieuse : ils « reçoivent bien » Jésus comme le Messie (à l’inverse du reste des Juifs), mais non comme Rédempteur et Sauveur du genre humain (à l’inverse des chrétiens). C’est pourquoi il vont dire que les temps n’étant pas propices, Jésus est « mis en réserve » par Dieu, pour revenir une deuxième fois pour rétablir le royaume d’Israël.

N’oublions pas qu’à l’époque de Jésus le 2ème Temple était toujours debout, si bien que sa destruction en 70 par les Romains, va cristalliser ce courant en une secte « revancharde » qui n’aura de cesse de « libérer » la Terre Promise et le rétablissement du Royaume d’Israël.

Cette secte judéo-nazaréenne va réussir, par la suite (au début du 6ème siècle), à s’allier à quelques tribus arabes partiellement évangélisées, dont le chef de guerre, Mohammed, sera anobli comme prophète, auquel on attribuera non seulement les feuillets coraniques, mais la fondation d’une idéologie guerrière de reconquête de la « Terre Promise » et de Jérusalem. Elle gardera, en effet, définitivement cet idéal de « soumission » de toute la terre à Dieu, autrement dit à Allah, après que la Palestine actuelle eut été libérée par le calife Omar, le véritable fondateur de l’Islam, en définitive, et qui se débarrassera de ses alliés Juifs. Le personnage de Mohammed, tel qu’il est rapporté et configuré par la tradition musulmane, n’est pas attesté par les documents historiques d’après cet auteur. De sorte que, continue-t-il, Mohammed est beaucoup plus un faire-valoir pour tous ses successeurs dont il pourra justifier, à posteriori, toutes les décisions, bonnes ou mauvaises, prises par eux.

>>> « Est-ce que l’Islam peut aider à rencontrer Dieu ? »
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Ce ne sont pas les religions qui nous aident à rencontrer Dieu : c’est Lui qui vient à la rencontre de l’homme en se révélant à nous. C’est la spécificité du monothéisme de considérer que l’homme ne peut pas connaître Dieu, mais que Celui-ci se révèle à lui pour le guider. La religion nous permet, ensemble, entre frères et sœurs, de transmettre, d’annoncer, et de célébrer cette Révélation qui nous a été laissée et à laquelle nous adhérons librement. Voyez comment Jésus fonde son Eglise sur Pierre, et lui demande de paître ses brebis. La religion est donc essentiellement une Tradition.

Mai vous ne considéreriez pas cela comme une réponse, dans la mesure où c’est le salut des personnes musulmanes qui vous préoccupe, comme nous-mêmes du reste, dont la majorité des parents et des ancêtres ont été et sont encore dans cette religion. Jésus est descendu aux enfers, ne l’oublions jamais (c’est dans le Credo). Cette descente, qui n’est pas plus touristique que sa venue parmi nous, s’est effectuée hors du temps, et Il a donc pu y proposer Son Salut à tout homme qui n’a pas eu la possibilité, dans sa vie terrestre, d’accéder au message de l’Evangile. (Voir le texte proposé sur ce site même : la descente du Christ aux enfers et offre du Salut).

Finalement, pour répondre à toutes vos questions, il suffit de se demander : en quoi le Coran est-il utile ? Est-ce que Jésus n’a pas donné à l’Humanité tout ce qu’il faut pour retrouver l’amitié de Dieu perdue, en la sauvant ? Est-ce que la Bonne Nouvelle ne concerne pas tous les hommes ? Est-ce qu’il manque quelque chose à son œuvre, Lui qui a dit sur la Croix « tout est accompli » ?

Lisons le Nouveau Testament puis lisons le Coran, ou inversement, et que constatons-nous immédiatement : il n’est pas question du même Dieu, quoi qu’on en dise.

Qui nous promet, en effet, la lumière de Dieu et la vie éternelle ? Qui d’autre que Jésus Christ promet de rencontrer son Créateur face à face et d’être son enfant ?

En tant que chrétiens NOUS ADORONS UN DIEU QUI EST POUR NOUS UN PÈRE PLEIN DE TENDRESSE ET QUI VEUT QUE TOUS LES HOMMES SOIENT SAUVES !

Les musulmans sont scandalisés par notre Dieu d’amour. Il s’agit, bien sûr, des musulmans « avertis » et connaisseurs du Coran qui demande aux chrétiens de ne pas « se dire des enfants chéris de Dieu » (sourate 5, 21).

Le message du Coran n’apporte rien pour la rédemption de l’humanité. Au contraire il affirme que Dieu a tout décidé d’avance, ceux qui seront damnés et ceux qui seront sauvés. Tout est prédestiné !

Voilà une contradiction difficile à admettre : Dieu guide qui Il veut et égare qui Il veut, et cependant Il va tous nous juger ! Comment peut-on juger ceux qui ont été « guidés » vers l’erreur ?

Où est la liberté de l’homme ?

Ce qui fait une contradiction de plus : en Islam il n’y a pas de libre arbitre, ni de péché originel. Si je fais le bien c’est écrit, si je fais le mal c’est écrit…

Nous pourrions ainsi relever des dizaines de contradictions, comme la Vierge Marie, déclarée sœur de Moïse et d’Aaron…

Jésus a vraiment tout accompli sauf, évidemment, ce qui est l’objet de sa promesse : la réalisation du Royaume de Dieu… Mais cela est en cours et notre conviction repose sur son affirmation qu’Il a déjà vaincu le Mal, et que cette réalisation n’est plus qu’une question de temps. Comme le temps appartient à Dieu, qui seul « connaît le jour et l’heure », veillons et prions, notre temps n’étant pas le sien !

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(1) La Bible ayant été écrite six siècles, au moins, avant le Coran, celui-ci reconnaît néanmoins, en maintes sourates (chapitres), que la Thora et l’Evangile viennent de Dieu.

Rappelons que la Thora est le nom donné aux 5 premiers livres de la Bible, écrits par Moïse, selon la tradition hébraïque.

(2) Pour prouver que le Coran est véridique les représentants de l’Islam ont inventé que la Bible est falsifiée.  Pourquoi la Bible serait falsifiée ? Parce qu’elle ne dit pas la même chose que le Coran, bien sûr. Et notamment parce qu’elle n’annonce pas la venue de Mohammed.

1ère contradiction : la Bible vient de Dieu, mais elle est falsifiée.

Par qui la Bible a été falsifiée?

Par les Juifs, pour la Thora, et par les Chrétiens pour l’Evangile.

2ème contradiction : les Juifs et les Chrétiens ont bien reçu les Ecritures mais ils ont abandonné la bonne voie. Car les Chrétiens sont idolâtres et polythéistes puisqu’ils croient en trois divinités : le Père, le Fils et Marie… Autrement dit des « associateurs ». [Sourates 4, 169-170 et 5, 76-77]

(3) Certains musulmans, pour bien mettre en avant leur respect du « prophète » Jésus, prétendent le révérer en appelant sur lui bénédiction et salut, mais vous ne les entendrez jamais protester lorsque des films ou des livres le traînent dans la boue (tel le Da Vinci Code) ; pareillement pour les atteintes à la personne de Marie…

(4) Voir les écrits inter testamentaires (évangiles apocryphes et ceux de la gnose) qui suggèrent que c’est Simon de Cyrène qui fut crucifié à sa place. Voir une autre contradiction à ce sujet entre la sourate 4, 155-157 qui affirme qu’il n’est pas mort sur la croix, tandis qu’en sourate 3, 48 il est déclaré : « Dieu dit à Jésus : Je te ferai subir la mort et je t’élèverai à moi… »

(5) Coran 61,6, or celui qui a lu, un peu seulement, les évangiles, sait que Jésus n’a jamais annoncé la venue de Ahmed, mais plutôt la venue de faux prophètes, après lui.

(6) Coran 3, 72…

Muhend pour Lalla n-Jerjer, le 4 décembre 2006.